« Le bureau ovale du président, qui était en quelque sorte le centre de la nation, voire le centre du monde, n’avait, je crois, jamais encore été utilisé, sauf pour les grandes réceptions par son prédécesseur, Hoover. Roosevelt en avait fait orner les murs de gravures anciennes à sujets maritimes, de portraits de sa mère, de sa femme et de John Paul Jones. Il y avait là aussi une manière d’orgue mécanique, d’aspect assez rébarbatif, cadeau dont il ne sut jamais se servir.
Franklin et Eleanor Roosevelt, si novateurs en toutes choses, ne l’étaient guère pour la décoration de leur intérieur. Ils ne croyaient nullement aux actuelles théories américaines selon lesquelles le mobilier, les rideaux, etc., ont d’abord une valeur ornementale, ni qu’il faille une certaine unité dans les ensembles en tenant compte des époques, des styles et aussi des coloris.
Pour eux, une chaise était un objet sur lequel on s’assoit et tout ce qu’ils lui demandaient, c’était d’être confortable ; une table était destinée à recevoir des objets et un mur à être recouvert du plus grand nombre possible d’images douées de valeur sentimentale…
Et c’est ainsi que les pièces occupées par le président et par Mme Roosevelt à la Maison-Blanche finirent par être des répliques, aussi fidèles que possible, des chambres de Hyde Park qui semblaient avoir fort peu changé depuis cinquante ans, si ce n’est qu’on y avait multiplié un peu partout les agrandissements photographiques représentant de nouveaux enfants, des poneys et des voiliers. Le mobilier des autres pièces aurait pu provenir d’un hôtel un peu vétuste, mais très comme il faut, dans une quelconque station estivale. »