Voici un extrait des Annales, où Tacite évoque les désordres nocturnes de Néron à travers Rome ; on est en 56 de notre ère. ( Livre XIII, chapitre 25)
Le consulat de Q. Volusius et de P. Scipion vit au dehors une paix profonde, au-dedans les plus scandaleux désordres. Néron parcourait les rues de la Ville, les lieux de débauche, les tavernes, déguisé en esclave, et accompagné de gens qui pillaient les marchandises et blessaient les passants. On le reconnaissait si peu, que lui-même recevait des coups dont il porta les marques au visage. Quand on sut que l’auteur de ces violences était César, les violences se multiplièrent contre les hommes et les femmes de premier rang. Une fois la licence autorisée par le nom du prince, d’autres commirent impunément, avec leurs bandes, de semblables excès, et Rome offrait chaque nuit l’image d’une ville prise. (…) Néron, cependant, devenu plus timide, s’entoura de soldats et de gladiateurs. Tant que la lutte n’était pas trop violente, ils la traitaient comme une querelle privée et laissaient faire ; si la résistance était un peu vigoureuse, ils interposaient leurs armes.
« …et Rome offrait chaque nuit l’image d’une ville prise. »
Cela rappele, quelques décennies auparavant, les véritables batailles rangées auxquelles se livraient deux bandes rivales, menées chacune par deux hauts personnages du nom de Clodius et Milon. Cette « guerre » dura presque 5 ans et l’issue fut tragique et sanglante… Il ne serait pas difficile d’en tirer un film auprès duquel les protagonistes de « Gangs of New-York » passeraient pour des enfants de choeur !
La violence dans l’antiquité romaine est un sujet surprenant et passionant, très bien traité par votre invitée dans son ouvrage « Les bas-fonds de l’Antiquité ».
Encore bravo pour votre emission ainsi que pour ce site.