Humeur du 11 novembre – L’affaire du Carré

FF
Jeudi dernier, dans les ors et la pourpre de la Salle des Fêtes de l’Elysée, le président de la République a lancé de manière officielle, devant un parterre œcuménique, les célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Son discours a fait une large place au programme des commémorations ; mais le passage qu’en ont surtout retenu les journalistes portait sur la place accordée, dans la mémoire nationale, aux quelques centaines de fusillés de la Grande Guerre. « Je souhaite, a-t-on pu entendre, au nom de la République, qu’aucun des Français qui participèrent à cette mêlée furieuse ne soit oublié» Et le chef de l’Etat de proposer que le musée de l’Armée, aux Invalides, accueille un Carré des Fusillés, ultime lieu de mémoire du conflit.

Il importe avant tout de dire clairement qui furent les fameux Fusillés. Il s’agit d’environ 650 condamnés pour crimes militaires, auxquels s’ajoute une petite centaine de condamnés – par la justice militaire – pour crimes de droit commun ou pour espionnage. Il serait évidemment curieux que ces deux catégories soient mêlées ; et même au sein de la première, certains voudront distinguer les « fusillés pour l’exemple » des premiers mois du conflit – de loin les plus nombreux – et les mutins de 1917 – ceux-ci ne représentant au demeurant que quelques dizaines de condamnés.

J’entendais, hier à la foire du livre de Brive, plusieurs de mes amis pousser les hauts cris contre l’initiative présidentielle. Rappelons tout de même que, parmi les propositions formulées par une commission gouvernementale d’historiens, l’option retenue par M. Hollande est une des plus modérées… Sauf à ne rien faire du tout, les alternatives étaient en effet bien plus hardies, allant de la réhabilitation au cas par cas à une grande réhabilitation générale. En choisissant la forme minimale d’une simple déclaration, et en prenant soin de préciser que toutes les exécutions n’ont pas été arbitraires, le chef de l’Etat a opté pour une solution que certains, à gauche, trouvent sans doute bien timide.

Il me semble, en tout cas, qu’un tel débat sur quelques cas douloureux ne doit pas nous faire perdre de vue le sacrifice d’un million et demi de soldats morts pour la France entre 14 et 18. Avec tous les devoirs où cela nous engage.

1 Commmentaire

  1. Benoît dit :

    D’accord avec ce commentaire. Réhabilitation des cas injustes. Ne pas oublier la multitude de jeunes Français morts dans les combats.

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