« Passeur d’histoire » : ainsi me qualifie Blaise de Chabalier, dans son beau portrait du Figaro. Non seulement j’accepte le terme, mais je le reprends bien volontiers à mon compte ; car il induit une notion essentielle à mes yeux : celle de transmission.
Transmission de valeurs par les parents, transmission de connaissances par les professeurs, transmission de gestes et de pratiques par les professionnels… Je me souviens avec émotion de ces apprentis que, dans mon enfance, je voyais venir chercher à la maison, auprès de ces maîtres dans leur domaine qu’étaient mon père et mon grand-père, la transmission de savoir-faire magnifiques, hérités de toute une histoire artisanale. C’était le prix de la « belle ouvrage » !
Aujourd’hui, où que j’aille – au gré de mes déplacements pour la radio ou la télévision – je rencontre des professionnels de haut niveau, détenteurs de techniques d’excellence, et qui, tous, me disent la même chose : « On ne trouve plus de jeunes à qui transmettre notre savoir-faire. Après nous, c’est fini : c’est un métier qui va disparaître. » Et certains, avec une pointe d’angoisse dans la voix, ajoutent : « Dites-le, vous qui avez des auditeurs ; faites-le savoir ! » Je le fais savoir…
Certains sourient, haussent les épaules : « Il faut vivre avec son temps, accepter que l’économie évolue ! » Au nom de quoi ? Du seul profit ? Ces défenseurs du changement à tout prix se trompent de sujet : lorsqu’un savoir – intellectuel ou manuel – se perd, ce n’est pas l’économie qui évolue ; c’est un peu du patrimoine qui s’effrite. Les Pouvoirs publics en sont d’ailleurs conscients, qui défendent la notion de « patrimoine vivant » – mais la défendent jusqu’où ?
Le fait est que nous avons grand besoin de « passeurs », dans tous les domaines – et si, à ma petite place, je puis faire office de « passeur d’histoire », alors j’en serai heureux.
J’ai lu aussi cet article, élogieux mais mérité ! Grâce à vous, Franck, l’Histoire de France n’est totalement absente du paysage médiatique français ! Merci.