En cette fin de millésime, j’avais prévu de tracer aujourd’hui un bilan de notre année 2013. Mon humeur en décide autrement – après tout, ceci doit rester un billet d’humeur ! Or, aujourd’hui, je suis en colère, ce qui n’est pas, j’en conviens, le meilleur état d’esprit pour aborder la Saint-Sylvestre… La raison de mon coup de sang ? La décision du Gouvernement – annoncée en catimini, pendant la « trêve des confiseurs » – de défendre le monopole des taxis en entravant l’activité de ce qu’on appelle les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur). Il se trouve que je fais grand usage, chaque jour, de ce service efficace et que je vais, comme beaucoup d’autres, pâtir de cette nouvelle limitation. Toujours ce choix de la contrainte !
Conséquence : je rumine. A moins que je ne philosophe…
La question de fond n’est-elle pas d’établir à quoi devrait tendre le gouvernement des hommes ? S’agit-il avant tout de créer les conditions d’une activité florissante, et de donner aux plus forts les moyens de s’épanouir en tirant la société vers le haut ? Au risque, il est vrai, de créer des laissés-pour-compte… Ou bien s’agit-il de fixer des règles et des limites, et d’éviter que les plus faibles ne « décrochent » ? Au risque, c’est certain, de décourager les plus entreprenants… En homme de compromis, j’ai longtemps pensé qu’une politique équilibrée n’avait pas à choisir entre ces deux options, et qu’un gouvernant sage devait les assumer de front.
Hélas, depuis un quart de siècle, j’ai mille fois pu éprouver, en vérité, que ces alternatives ne sont nullement conciliables. Soit on permet vraiment aux éléments actifs de propulser la collectivité, soit on s’attache ouvertement à soutenir les éléments moins actifs – c’est l’un ou l’autre. Il faut choisir. Pour ma part – et c’est peut-être le fils d’artisan qui s’exprime ici – j’ai fait le choix du dynamisme, de l’émulation, de l’activité, de la liberté, du mouvement ! Et j’en assume les conséquences.
Puisque je suis en colère, j’en profiterai pour dire que j’en ai assez de voir mes amis – et les enfants de mes amis – émigrer en masse vers l’Angleterre, l’Amérique, l’Océanie, l’Extrême-Orient, parce qu’ils ne voient plus de perspective en France. Assez de verser chaque année plus d’impôts – dans des proportions qui deviennent absurdes – alors que l’Etat entretient de plus en plus mal ce qui me tient à cœur : notre patrimoine historique, civil et religieux. Assez d’entendre partout mes lecteurs et mes auditeurs gémir, se plaindre de la paperasserie et de la suradministration locale, nationale et européenne. Assez, assez !
Je connais trop bien l’histoire de France pour savoir ce que tout cela nous annonce. Et je regrette, de tout mon cœur, l’aveuglement surprenant – incroyable si l’on y songe – de ceux qui, aux affaires, croient pouvoir tabler à l’infini sur la patience des gens de bien. On tire, on tire sur la ficelle. Je crains qu’elle ne finisse par céder.
Cela exprimé, bon passage à tous vers 2014 !
«J’en assume les conséquences»
Vous avez donc cessé de cotiser aux assurances chômage et santé de la collectivité?
Pardonnez ma petite pique, cher Franck 🙂
Je souscris totalement à ce qu’écrit Joséphine
@ John Jon
Et si la nature de l’être humain était justement de ne pas laisser ses semblables moins bien lotis sur le bord du chemin? Dans un monde où règne la loi du plus fort, pas besoin de médecine ni de médecins…
C’est un billet d’humeur et une vision très engagé. Les gens de bien on besoin de personnes comme vous, qui ont des convictions et de la notoriété pour faire entendre leurs voix. Je suis aussi de ceux qui veulent aller de l’avant, quitte effectivement à en perdre en route, la nature elle-même ne nous apprend pas la même chose? Comment la régulation animale ce fait elle à l’état sauvage? Ceci peut sembler cruel mais c’est la triste vérité, soyons en progrès, voyons grands, voyons large et n’ayons pas peur de surprendre autrui avec notre intérêt pour la communauté par l’émulation, pour reprendre vos mots.
Bonne année 2014 à vous Monsieur Ferrand, puisse t-elle nous apporter encore plus de mystères sur notre histoire pour en faire sortir les conséquences des choix contemporains.
D’abord, il faut obliger M. Hollande à passer par référendum toutes ses décisions prises avec ses sbires dans le dos du peuple.
Ce premier jour de l’An est aussi la Sainte Cassandre… Tout va de mal en pis à tous les niveaux et l’année nouvelle ne s’annonce pas meilleure. Quelle est loin la douce France des années 60 : pas de chômage, pas de violence, pas de drogue, des écoliers qui savaient lire, écrire, compter, connaissaient les principales dates de l’histoire de France à la sortie de l’école primaire. C’était une époque où la France rayonnait sur le plan culturel, où l’industrie était forte, les agriculteurs fiers de cultiver la terre. Nos enfants partent pour l’étranger pour un avenir meilleur. Alors oui Monsieur Ferrand, Assez, Assez…. Heureusement qu’il y a les livres (mais pour combien de temps encore ? Les librairies ferment (Chapitre au coeur de la place Bellecour à Lyon où j’habite) et les plongeons dans l’histoire pour fuir cette grisaille quotidienne qui me déprime un peu plus chaque jour.
Et bien évidement, l’alcool me fait faire énormément de faute, ainsi que le clavier QWERTY.
Un bonsoir de Minneapolis, a -25 dégrées
Bonne année a vous aussi,
Les commentaires de H16 me renvoie chez vous…
Ce billet a le même effet que la BO de Rocky IV lorsque je vais m’entraîner…
Bien entendu, j’ai déjà un vrai verre de whisky dans mon estomac (-;
Encore une fois on vous suit cher Franck ! Et merci de « rouspéter » avec autant d’élégance, je parierais que les plus hautes Instances y seraient sensibles si elles prenaient le temps de vous lire!!
Excellente nouvelle année…on s’accroche à vous pour la suite…
Avec toute notre amitié, Eliane-Jeanne
Selon moi, le problème est que la dette de la France oblige le gouvernement à trouver 50 milliards par an pour payer les intérêts de la dette.Soit l’état essaye de maintenir un minimum de services publics et augmente les impôts, soit il fait comme en UK et il privatise les services publics et supprime les aides .
C’est un peu comme pour les pays d’Afrique: ils auraient payés leurs dettes depuis longtemps si leurs emprunts n’étaient pas assortis de taux d’intérêts déraisonnables.
Si les 50 millards servant a payer les intérêts de la dette étaient mis au services des PME et dans une formation pratique et utile des chômeurs les résultats ne se feraient pas attendre.
Le passif c’est la dette et ses intérêts, pas le chômeur 🙂
Sinon félicitations pour la qualité de votre travail.
Merci M. Ferrand pour ce billet, qui reflète effectivement (à mon avis) la pensée de nombreuses personnes.
Il nous faudrait un visionnaire, ce qui fait cruellement défaut (depuis pas mal de temps malheureusement).
Bien cordialement
Laurent, un de vos lecteurs, auditeurs (quotidien) et téléspectateurs.
la corde peut-elle encore faire autre chose que casser à terme ????
je n’en suis pas sur…
Merci Franck : « Je connais trop bien l’histoire de France pour savoir ce que tout cela nous annonce. Et je regrette, de tout mon cœur, l’aveuglement surprenant – incroyable si l’on y songe – de ceux qui, aux affaires, croient pouvoir tabler à l’infini sur la patience des gens de bien. On tire, on tire sur la ficelle. Je crains qu’elle ne finisse par céder. »
Je connais aussi l’histoire de notre pays, et je suis d’accord. On en peut plus : et la dernière « affaire » en date vient confirmer cela.
Bravo, cher Monsieur, pour votre billet tristement lucide. Au vu de la place qui est la vôtre dans les médias, j’en mesure la portée et je salue votre courage.
Établi moi-même.dans ce bel Extrême-Orient que vous évoquez, je ne puis que partager l’amer constat que vous établissez pour notre pauvre pays, sentiment malheureusement toujours éprouvé plus vivement au fil de mes séjours sur mon sol natal.
Je confirme que là où je vis dorénavant, nombre de nouveaux Français expatriés y sont pour les causes que vous rappelez.
Permettez-moi de faire mien ce que j’interprète comme votre vœu pour cette année 2014 qui s’annonce : Assez !
Avec mes sincères remerciements.
Merci
Nous sommes nombreux à « sentir » cette odeur entêtante de brûlé… Elle monte, doucement.
Nous sommes nombreux à voir des gens de biens, mais pas uniquement, des jeunes maintenant, partir.
S’expatrier.
Nous sommes nombreux à voir une forme d’exil fiscal intérieur : comptez les médecins, dentistes, gynéco etc… qui ne travaillent plus que 4 jours par semaine.
Nous levons le pied.
Nous paierons moins de taxes iniques, et auront davantage de temps libre. Baisse de la consommation ? Et alors ? La nouvelle bagnole attendra. Et elle attendra longtemps.
Mais contrairement à vous, je vois dans ce phénomène un immense message d’espoir.
Car vous le savez, au fond : c’est en réduisant les recettes de la rapine que nous infligerons une sévère correction aux guignols qui prétendent gouverner ce pays.
C’est en utilisant l’arme fiscale, en la retournant, que nous libèrerons ce pays.
2014 ? Nous allons les mettre en faillite.
Ni plus ni moins.
Je ne vous connais que peu Monsieur Ferrand, mais je vous apprécie déjà beaucoup. Surtout en lisant votre billet d’humeur que je trouve particulièrement ciselé et bien écrit. Bravo et merci mon cher Franck de prendre position de la sorte et surtout d’entretenir cet ilot de culture qui est notre histoire. On ne lâchera rien et la ficelle finira comme vous l’avez prédit… comme toujours.
Bravo Mr Ferrand !
Bonjour Franck,
Lectrice assidue de vos billets et appréciant beaucoup, dans vos émissions, la perpétuelle remise en question des différentes lectures de l’Histoire, je dois dire que je suis un peu décontenancée par ce dernier billet. Pas sûre d’en avoir saisi le sens.
« Donner aux plus forts les moyens de s’épanouir » ne tire pas la société vers le haut mais permet seulement à ces « plus forts » de le devenir toujours davantage, si on juge la force à l’aune de ce qui sert de valeur dominante depuis quelques décennies :l’argent. Et le nombre de ces « plus forts » est dérisoire, comparé à celui des laissés-pour-compte qui, eux, toujours selon la même échelle de valeurs, n’en ont aucune, de valeur.
A mes yeux, le monde ne se divise pas en « éléments actifs » et « éléments non actifs », l’activité, c’est-à-dire le travail, ne faisant pas vraiment partie du paradigme.Certains s’enrichissent démesurément en ne travaillant pas alors que d’autres (une majorité) travaillent à temps plus que plein et parviennent à peine à « gagner leur vie » (expression abominable). De fait, il y a des êtres qui ont besoin, pour vivre, d’énormes quantités d’argent alors que d’autres doivent se contenter de très peu.Ces 2 mondes ne pourront pas éternellement cohabiter …
J’aurais encore beaucoup à dire et on pourrait en discuter longtemps – même si « discuter » sur internet est pour moi une illusion –
Je suis d’accord avec vous sur « l’aveuglement » (que je ne trouve pas si surprenant) de ceux qui sont aux affaires ; je me demande juste ce qu’on doit comprendre quand vous écrivez « gens de bien »….
Toujours selon l’échelle des valeurs actuelles, je fais partie de la catégorie majoritaire en nombre. Mais je n’ai de cesse de lire et de me cultiver (vous contribuez à ma culture, soyez-en remercié), parce que je considère que la connaissance mène à la lucidité et que la lucidité est une forme de résistance.
Je vous souhaite également un bon passage vers 2014, même si je ne crois pas à la magie des calendriers, ce mirage du changement de chiffre en forme de bonnes résolutions et de nouveaux espoirs ! Très cordialement, Jo
Félicitations monsieur Ferrand, je suis à 200%.
Un seul mot … Merci
Bonjour Frank, Vous qui connaissez bien l’Histoire, y a -t-il eu des périodes similaires en France ou ailleurs et à quelle époque ?
Oui aux VTC de la Marne pour éviter les conséquences d’une nouvelle révocation de l’édit de Nantes.
Bonne fin d’année Franck et… une seule solution pour tout cela : se ressourcer à Versailles, cela fait tellement de bien 🙂