Face au découragement général, alors que la grisaille ambiante inviterait à baisser les bras, il me paraît bon de relever autour de soi des exemples de vertu et d’engagement, salutaire de les encourager, utile de les citer en exemple.
Un ami que je qualifierais de belle âme, agrégé de philosophie, se trouve enseigner – par choix – en zone prioritaire. Il me racontait, la semaine dernière, comment il avait gagné le respect et obtenu l’attention de ses élèves les plus récalcitrants – de véritables « sauvageons », comme disait naguère un ministre. Spontanément, à la fin d’un cours, mon ami s’est mis à citer – de mémoire – tout un poème d’Apollinaire ; or, à mesure que s’envolaient les beaux vers, alors cette musique prenait possession des lieux, il a vu revenir le calme dans sa classe. Sans avoir à élever la voix – par le simple et éternel pouvoir de la connaissance sur l’ignorance… A la fin, le silence est devenu tel qu’on y aurait entendu tomber une gomme. « Monsieur, a même demandé l’un des élèves les plus difficiles, vous nous direz encore des poèmes ? » Et pourquoi Pas ? L’habitude s’est installée, depuis lors, de clore chaque cours par un grand morceau de bravoure poétique ou théâtral. Pour le plus grand bien des élèves …et la plus grande joie de leur maître.
J’ai bien dit « maître ». Car je salue en lui un instructeur magistral, habité par sa matière, attaché à frapper les jeunes esprits et à leur transmettre un savoir. Pas une sorte d’animateur, chargé de faire émerger je-ne-sais-quel projet personnel ! La stérile idéologie de l’ « accompagnement pédagogique » est à l’origine – j’en suis persuadé – de la fameuse « chute du niveau » dont bruissent depuis si longtemps – bien qu’à mots couverts – les salles des profs.
Tout le monde n’en est pas convaincu, hélas. Mardi dernier, la publication du fameux classement Pisa, reléguant la France au vingt-cinquième rang des pays de l’OCDE pour l’éducation qu’elle dispense à ses enfants, aurait dû amener les tenants de cette méthode inepte à la discrétion. A leur place, je me serais fait tout petit ! Ce n’est pas ce à quoi nous avons assisté ; et je dois reconnaître ma stupéfaction devant l’aveuglement d’une parlementaire qui, sur une chaîne d’information, croyait pouvoir tirer cette conclusion du désastre – en substance : « il faut lutter contre l’apprentissage par cœur, et mettre en œuvre un enseignement plus participatif ». Triste, triste sottise !
Il n’est pire sourd, dit-on, que celui qui ne veut entendre…
Le « maître » ennuie les élèves, je peux vous l’assurer… Et les élèves ont considérablement changé. Le maître doit impérativement laisser la place non pas à un animateur mais à un organisateur du travail de la classe, à un accompagnateur du travail de chaque élève, à un facilitateur pour les élèves qui ont des difficultés afin que chaque élève puisse s’emparer, devenir acteur de ses savoirs.
je vous invite dans ma classe si vous le désirez afin de voir.
Moi aussi je me plais à raconter l’histoire de mecs qui m’ont raconté l’histoire d’un mec qui a, un jour, fait un cours qui a fonctionné… Je dois être un éminent spécialiste… Je pense pour ma part que PISA permet d’affirmer que les émissions de culture à la télé ne sont certainement aussi formatives que dans les pays étrangers…Particulièrement celles qui traitent d’Histoire… Comment ? On ne peux avoir d’avis sur tout ? J’ai pourtant cru …
[…] Sa vision de l’enseignant et son subtil diagnostic des causes de l’échec de la France n… […]
la créatrice de ce prix douteux ne connait visiblement pas grand chose aux problèmes de l’éducation
J’ai plutôt eu des « machines à répeter » comme professeur au collège et au lycée. Mais lors de ma première année de Terminale (je n’ai aps eu le Bac cette année, mais l’année suivante), j’avais un professeur d’Histoire qui faisait ses cours avec un petit côté comédie, il prenait des voix différentes pour imiter les différents personnages de l’Histoire, nous expliquait très bien les choses, et ce professeur m’a donné envie de croire que l’Histoire n’est pas juste une matière ennuyante. Malheureusement, l’année suivante, je n’ai aps eu ce même professeur, mais un autre, tellement trop banale, de ceux qui rendrait l’Histoire-Géo, un cours où le but et d’écrire et de juste apprendre par coeur. Depuis, j’ai décidé de reprendre ma licence, et de tenter un master pour devenir professeur et être comme mon Grand prof, une talentueuse historienne qui donnerait goût à ces élèves de découvrir nos Histoire (et notre Géo aussi!!)
Bravo pour ce billet d’humeur ! On ne peut mieux dire. Malheureusement, les idéologues n’ont pas fini de frapper dans l’Education nationale. Contre toute réalité et contre tout bon sens.
On se souvient des professeurs « instructeurs » bien plus que des « tyrans » ou « trop académique ». De par leurs passions et leurs savoirs.