Lundi 10 mars. Incurable. Lors de la 9e cérémonie des Globes de Cristal, au Lido – autant dire à l’épicentre du parisianisme en smoking – je passe le dîner à disserter …de Jeanne d’Arc ! Il faut dire que je suis entraîné sur ma pente naturelle par le jeune Yoann Fréget, vainqueur de la deuxième saison de The Voice. Le destin de la Pucelle le passionne ; peut-être fait-il écho à son propre ascétisme ?
Mardi 11 mars. Admiratif. Mon invité, sur Europe 1, est un de ceux, parmi les grands de l’Audiovisuel, qui m’auront donné envie de faire ce métier. Jacques Chancel, auteur d’un remarquable ouvrage de souvenirs indochinois – La nuit attendra, chez Flammarion – possède, intacts, l’inspiration, l’empathie, l’humilité… J’ai le sentiment d’assister à une Master Class.
Gâté. Grâce à la bienveillance de Catherine Pégard, présidente de l’Etablissement public de Versailles, je peux faire découvrir l’Appartement intérieur du Roi à quelques invités privilégiés de la Maison Plon – histoire de fêter mon Dictionnaire amoureux. Enfilades désertes, éclairage à l’ancienne : nous déambulons parmi mes ombres favorites, envoûtés par la magie vraie de Versailles : celle qui ne se perçoit que tôt le matin ou tard le soir.
Mercredi 12 mars. Etonné. Venu à Rambouillet pour y célébrer le 250e anniversaire du Dictionnaire Philosophique de Voltaire, devant cent-cinquante membres du « Forum pour demain », j’ai la surprise d’être honoré par le président de cette association. Le colonel Besson a pris la peine d’enquêter sur ma jeunesse, de collecter des clichés auprès de ma famille, de convoquer même d’anciens collègues du Service historique de l’armée de l’Air ! Pour un peu, je ferais de l’ombre à l’Ermite de Ferney…
Vendredi 14 mars. Entêté. Au cours d’un élégant déjeuner de dames chez la comtesse Michèle Frémy, les questions fusent à propos de mes différents ouvrages. Assez vite, sous l’influence de Myriam de Colombi, directrice du Théâtre Montparnasse, la conversation roule sur l’affaire Corneille-Molière… Mes auditrices feignent de s’offusquer qu’on mette en doute la paternité de Molière sur ses pièces. Au risque de les froisser, je campe sur mes positions. A la vérité, je ne risque pas grand-chose ; ces dames sont comme leurs jolis tailleurs : infroissables.
Quelle admirable chute finale ! Monsieur Ferrand, on reconnaît là tout votre art!